Novela 2011 - Toulouse

Présentation du projet HOM-m-E

L’atelier Hom-m-e, une rencontre entre économie et design au détour d’un auteur William Morris (1834-1896)
Par Nathalie et Mireille Bruyère (Designer / Ecole des Beaux-Arts & Université de Toulouse le Mirail - CERTOP)
Illustrations de Charlotte Martin

En partant de préoccupations communes, celles de mettre le lien social au cœur de notre travail et de nos productions, nous avons voulu croiser nos champs : celui du design et celui des sciences humaines et de l’économie.
Un auteur en particulier nous a convaincu de la pertinence de faire des liens entre nos travaux : William Morris, un penseur du 19e siècle qui inspire encore l’écologie politique et le courant des économistes critiques mais aussi un designer à l’origine du courant préraphaélite (les préraphaélites avaient, entre autres, pour dessein de rendre à l’art un but fonctionnel et édifiant).
Dans une approche critique du capitalisme et de son corollaire : l’extension de la marchandise, nous avons voulu mettre en pratique une démarche permettant une réappropriation de l’objet.

Il nous apparaît que ce qui constitue la base commune entre nos domaines de compétences (économie sociale et solidaire, design, hackerspace) était le concept du standard ou objet ouvert.

L’analyse économique montrent que les objets sont standardisés et leurs caractéristiques (formes, couleurs, techniques) sont privatisées de manière à rendre leur usage payant. Cette privatisation prend la forme d’une fermeture de l’accès, de l’utilisation et de la transformation de ces caractéristiques. Nous proposons donc par opposition d’élaborer des objets ou standards ouverts.

La notion de standard ouvert vient contredire le monopole et la standardisation de masse pour construire des structures collectives de travail convivial et de proximité.

En design la notion n’enferme pas l’utilisateur dans un objet de représentation sociale et codifié, mais ouvre à des pratiques d’adaptation et d’un développement continu de l’objet en fonction de l’usage.

En électronique et informatique cette notion regroupe les pratiques autour des logiciels libres, les processus de développements et de ressources partagés ainsi que des plates-formes de prototypages électroniques ouvertes.
A travers des réflexions engagées autour des notions de standards ouverts il apparaît que l’objet doit s’effacer pour mettre en place des usages conviviaux et que les moyens numériques et électroniques peuvent se mettre au service de cette mutation.

Un travail théorique présente les dynamiques du capitalisme qui conduisent à dessaisir les individus d’une partie de leur mode de vie et de la manière d’utiliser les objets de la vie quotidienne. Ce sont « les trois fables du capitalisme ». Ce travail théorique est accompagné d’un diaporama illustratif et pédagogique de ces dynamiques en lien avec les évolutions du Design.

Pratique :

Pour se réapproprier les objets, l’atelier propose de faire une Rep Rap (une imprimante 3D) avec Usinette. Usinette fonctionne sur le modèle du hackerspace : on aide ceux qui le souhaitent à ouvrir leur propre Usinette. Comme le hackerspace, ce n’est pas seulement un outil mais c’est aussi un lieu de diffusion des savoirs et de transdisciplinarité, c’est un savoir pratique ouvert. Ce collectif appartient au monde du Libre et de l’Open Source qui fonctionne sur le partage et la coopération. Puis nous mettons en œuvre cette Rep Rap en faisant des trames pour la broderie. Pourquoi la broderie ? C’est un art populaire et accessible à tous, un temps de partage des compétences, des savoirs, mais c’est aussi une pratique qui n’a pas ‘évolué’, la trame tissu sur laquelle, elle s’applique étant un élément industriel, non modifiable à bloqué son évolution. En remettant en question ce support dans sa forme, on ouvre vers de nouvelles possibilités de motifs, pratiques, assemblages…

lundi 9 janvier 2012, par Alexandre Korber

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